Jean SOTO ancien résistant de l'Hérault
Jean Soto n'est plus
Né en 1921 à LORCA, en Andalousie, Jean Soto est Espagnol d'origine. Ses parents installés en France en 1925 travaillent dur à Paulhan où ils vivent.
Jeune charpentier, c'est à 22 ans, qu'il entre dans la résistance Française. Il fait partie du groupe franc du « Capitaine Léon ». Sous le surnom de guerre « Chauffeur » il participe à de nombreux coups de main avec le célèbre maquis de Bir-Hakeim. Sa haine du nazisme le conduit à prendre beaucoup de risques, mais toujours des risques calculés. C’est avec ce groupe franc qu’il participe le 19 août à la libération de Montpellier. Les liens d’amitié entre René Poitevin et lui se tissent à cette époque.
Jeannot était l’ami indéfectible de René et de sa famille. Ami, au sens propre du terme, à un tel point qu'il était considéré comme étant de la famille avec Paulette son épouse. Après la guerre, il intégra la Police Nationale et continua à travailler avec René Poitevin, Compagnon de la Libération, avec qui il avait œuvré dans la résistance.
Homme providentiel, aux mille qualités, ingénieux, débrouillard, à la moralité exemplaire et avant tout homme d’honneur, il était aussi un père et un grand père exemplaire et un époux aimant. Apprécié de tous, il laisse derrière lui son épouse Paulette, sa fille Jacqueline et Yvan son gendre, sa petite fille Sandrine et ses arrière-petits-enfants ainsi que de nombreux amis.
Jean Soto s’est éteint le 08 août 2013, entouré de l'affection des siens, à quelques jours de l’anniversaire de la libération de Montpellier à laquelle il était si fier d'avoir contribué.
Il était titulaire, entre autres, de la Médaille Militaire, de la croix de guerre 39/45, de la croix du combattant volontaire de la résistance, des médailles commémoratives 39/45 et d’AFN (Algérie), de la médaille d’honneur de la police Nationale, de la croix du combattant de l’Europe. Il était également titulaire du diplôme de Porte-drapeau.
Mais, comme il le disait, sa plus grande et sa plus belle décoration était la nationalité Française qu'il avait obtenu en 1946.
Les obsèques de jean SOTO se sont déroulées le lundi 12 août 2013 à Gramont. Les Porte-drapeaux de L'UNC de Lattes, de l'ALAD de Lattes, de la Marine de Lattes étaient présents à coté du porte-drapeau des Anciens Combattants Volontaires de la Résistance de l'Hérault.
Etaient également présents des personnalités du monde combattant, quelques membres du Conseil Départemental des Anciens Combattants de l'Hérault, les responsables du CRHRD (Centre Régional d'Histoire de la Résistance et de la Déportation) de Castelnau le lez, Les Présidents de l'ALAD (Association des Anciens de la Défense) de Lattes et de l'UNC (Union Nationale des Combattants) de Lattes et le représentant du Président de l'AACE (Association des Anciens Combattants Européens). Que tous soient remerciés en particulier mon ami Yvan Perret.
Nous présentons à Paulette, Jacqueline, Yvan, Sandrine et à leurs proches nos condoléances attristées et nous les entourons de notre affection.
Henri Poitevin et sa famille.
Texte lu par Yvan DAVID aux obsèques de Jean Soto le 12.08.2013.
Une personnalité! Un grand homme! Comme tous ces mots galvaudés paraissent puérils dans ce langage médiatique de 2013 où l’excessif doit être la règle ... Pourtant ce sont ces termes qui me viennent spontanément à l’esprit en évoquant Jean Soto (Janot) .
Comment côtoyer Janot sans être subjugué par sa justesse de point de vue, sa largeur d’esprit, sa capacité d’analyse? Toutes ces qualités reconnues lui ont valu nombre de confidences et demandes de conseils; Il était l’homme sage qui peut tout entendre, tout apprécier, tout mesurer parce qu’il avait su aussi écouter, regarder, appliquer et synthétiser. L’influence des hommes ne se mesure pas nécessairement à l’importance du curriculum vitae tant au niveau scolaire que professionnel.
Janot, l’homme fort, posé et réfléchi, s’est bâti grâce à sa capacité à tirer de chaque chose, de chaque situation, de chaque expérience des leçons pour l’avenir. Il a ainsi acquis une dimension particulière qui irradiait: il était un repère solide, lumineux dans un monde parfois fragile et sombre.
Au-delà de son influence morale constamment perceptible ,on ne peut évoquer Janot sans faire référence à « ses doigts en or » (expression de Paulette, son épouse). Combien de moteurs, de culasses, de soupapes sont passées entre ses mains parfois au détriment de la qualité de la sieste des voisins. Combien d’heures a-t-il passé dans son « étude »(son atelier) pour concevoir, imaginer, souder, assembler et faire fonctionner les objets les plus hétéroclites depuis la montre jusqu’au motoculteur en passant par la pompe à eau. Rendre service une seconde nature pour Janot !
A mes yeux, il demeurera l’homme modeste qui aux qualités de cœur, d’intelligence, de sensibilité dans la compréhension des autres ajoutait une capacité hors du commun à trouver et à mettre en œuvre la solution technique apte à satisfaire un besoin.
Originaire de la province de Murcie, venu en France à l’âge de 4 ans, Janot très tôt a dû contribuer aux besoins de sa famille, dont le Père, ouvrier viticole, avait une santé fragile. Tour à tour quelquefois écolier, mais le plus souvent occupé à exercer divers petits métiers chichement rémunérés. Au fil des années, il a acquis des savoir-faire multiples.
En 1942 toujours Espagnol, Janot, charpentier, refuse la nationalité française proposée par l’occupant à condition qu’il parte en Allemagne pour construire des bâtiments destinés à accueillir les Français requis par le STO. Il devient dès lors, un paria. Après quelques mois occupés à tailler les platanes le long des routes de la région de Clermont-l’Hérault, Janot entre dans la résistance. C’est ici qu’il rencontre l’homme qui bouleversera sa vie : René Poitevin (« Colonel Fouillet » dans la résistance ).Toute sa vie Janot a eu pour René Poitevin, une admiration et un respect sans bornes; j’ose dire qu’il était son 2eme père et sa référence ultime. Je salue ici la présence des porte-drapeaux et parmi eux d’Henri Poitevin, son fils pour lequel nous avons une profonde affection, ainsi que pour sa famille.
Intégré dans le » groupe franc » du capitaine Léon (Henri Glaser) qui agit seul ou en relation avec le maquis Bir Hakeim, Janot participera, en particulier,à plusieurs actions marquantes à Nébian, Clermont l’Hérault, Montferrier et entrera à Montpellier avec une vingtaine de ses camarades, en avant-garde, le 19 Août 1944.
Enfin en septembre 1944, Janot devient le chauffeur du Colonel Poitevin qui œuvre à la mise en place des Compagnies républicaines de sécurité. Je cite Janot : « le Colonel Poitevin me dit : on a besoin de résistants dans la police, je réponds à son appel et lui, obtiendra pour moi la nationalité française qui sera ma plus belle récompense ». Je dois ajouter à ce propos que titulaire de plusieurs décorations (Médaille militaire, Croix de guerre 39/45,croix du combattant volontaire de la Résistance ,médaille d’honneur de la police médaille de la reconnaissance de la nation AFN et 39/45, diplôme d’honneur de porte-drapeau…), Janot avait espéré en 2009, obtenir la Légion d’Honneur; hélas, malgré nos démarches cela n’a pas abouti :une déception muette, pour ce fils adoptif de la France qui avait tout risqué pour sauvegarder notre LIBERTE et lutter contre le nazisme.
Depuis quelques temps, cette période terrible envahissait souvent l'esprit de Janot et lui causait des tourments traumatisants aussi bien pour lui que pour son épouse .
Sa carrière policière s’est déroulée essentiellement à Montpellier
Parmi ses activités professionnelles il aimait à citer son action avec d’autres camarades dans le cadre de la Prévention routière. Là aussi il allait donner la pleine mesure de son ingéniosité pour concevoir et construire des petites automobiles à pédales et participer à la mise en place d’un circuit routier pédagogique.Ce travail a pris un relief particulier, valorisant quand il s’est adressé à de jeunes handicapés .
Si Janot a beaucoup donné il a aussi beaucoup reçu. Jacquie, sa fille et moi-même tenons avant tout à dire notre admiration à Paulette son épouse depuis 67 ans. Elle s’est ces derniers mois effacée, oubliée pour ne se consacrer qu’à Janot. Grace aux infirmières (prénommée Geneviève l’une et l’autre), à son kiné (Guy-Fred), au personnel de soutien à domicile, la vie à domicile s’est déroulée avec le maximum de joie et de bonne humeur. Début Juin, il a fallu envisager une alternative au maintien à domicile : l’établissement l’Ensoleillade à Lattes a su accompagner Janot dans sa fin de vie avec dignité et humanité.
Non, nous n’oublions pas Jean-François Monfort, médecin et quasiment fils de la famille. Ses compétences, son affection profonde pour Janot et Paulette méritent un grand merci .
Claude et sa compagne,ainsi qu’ Alberte toujours disponibles pour un réconfort quasi-quotidien : merci
Janot est parti mais son influence reste ; je crois sincèrement qu’il nous a aidé à grandir et peut-être à devenir meilleurs.